Articles d'actualités

Articles d'actualités

Questions à… Margaux Labarthe, directrice du HÉBÉ! Festival

Questions à… Margaux Labarthe, directrice du HÉBÉ! Festival

Épuisée, mais toujours sur son nuage, la journaliste de Radio MdM revient sur la première édition de ce festival féministe qui a attiré plus de 500 personnes au parc Lacaze le week-end dernier.

Comment a germé l’idée du HÉBÉ! Festival ?

Margaux Labarthe : De la lecture de trois livres*, que j’ai trouvé géniaux. Je me suis dit que ce serait très compliqué de rencontrer leurs autrices ici dans les Landes et que je n’avais pas forcément le temps et les moyens de me rendre à Paris ou dans d’autres grandes villes. Si je voulais aller les voir et que les Landaises et Landais puissent avoir accès à leur pensée, le mieux était de monter un festival ici pour les faire venir. Je voulais aussi que ces autrices puissent rencontrer tous les gens d’ici qui font bouger les choses, qui font en sorte que les personnes minorisées gagnent en visibilité et en droits. C’était une manière pour moi de mettre en valeur ce territoire.

Avec Salima Sensou, nous avons créé, en novembre 2019, notre association Team SAMA, afin de porter nos projets respectifs : le festival pour moi et l’Université populaire des parents** pour elle. Nous comptons désormais une petite centaine d’adhérent-es et avons élaboré d’autres propositions autour du droit des femmes et de toutes les communautés écartées de la société dominante.

Organiser le festival a été un travail de longue haleine. Cela a été très dur, moralement et psychologiquement, avec tous les reports que nous avons subis. Mais c’est toute la beauté du travail en équipe, qui fait qu’on a réussi à se motiver et à ne rien lâcher.

Ce festival se présente comme féministe. Qu’est-ce-que cela signifie ?

Margaux Labarthe : Hébé vient de la déesse grecque de la jouvence et de la vitalité. C’est un peu notre manière de voir le féminisme et un clin d’œil à la 4e vague de ce mouvement, apparue dans les années 2010, qui est portée par de jeunes militantes. Le féminisme qu’on imagine et qu’on essaie de mettre en forme avec la Team Samsa est pensé pour toutes les personnes qui subissent le patriarcat, le capitalisme, le validisme, c’est-à-dire le fait que la société n’est pas pensée pour les personnes en situation de handicap ; qui se retrouvent dès lors en dehors du système.

Des intervenant-es ont vraiment posé des mots sur l’impensé, c’est-à-dire toutes ces atteintes aux droits dont on n’a pas conscience. C’est très difficile de comprendre un sujet tant qu’on n’a posé de mots dessus et qu’on ne l’a pas analysé pour mieux le déconstruire.

Est-ce que ce week-end a correspondu à vos attentes ?

Margaux Labarthe : J’étais super heureuse qu’il y ait plus de 500 personnes qui prennent la peine de voir ce qui se passait. Car un tel festival est assez nouveau dans les Landes. Il y a eu une belle énergie collective. Les artisanes, les artistes, les conférencièr-es, nos deux marraines – l’écrivaine Nora Bouazzouni at la photographe Nora Noor – étaient folles de joie de ces rencontres.

On a eu plein de retours sur place de visiteur-ses qui nous ont dit qu’ils-elles étaient venus pour se faire secouer et qu’ils-elles en avaient eu pour leur compte. D’ailleurs, des intervenant-es, comme Habibitch ou Ruth Paluku-Atoka, avaient prévenu que leurs propos allaient être inconfortables. L’attention des spectateur-trices m’a interpellée car ce sont des sujets nouveaux et percutants. Je m’attendais à plus de réticences. Pourtant, même s’il y avait des choses dures à entendre, les débats se sont faits dans la bienveillance et l’écoute. C’était assez fabuleux.

Et la suite ?

Margaux Labarthe : Ce festival nous a totalement boostées. La programmation de la prochaine suivante se dessine déjà sérieusement. (sourires)

* Faiminisme - Quand le sexisme passe à table, de Nora Bouazzouni, aux Éditions Nouriturfu (2017) ;
Sorcières - La puissance invaincue des femmes, de Mona Chollet, aux Éditions Zones (2018) ;
Féminisme pour les 99 % - Un manifeste, de Cinzia Arruzza, Tithi Bhattacharya et Nancy Fraser, aux Éditions La Découverte (2019).
** L’idée de l’Université populaire des parents (UPP) est de donner la parole à des parents en situation d’exclusion, afin qu’ils apportent leur point de vue sur tout ce qui est relatif à la parentalité. 

Page précédente