Espèce quasi-menacée en France, le Fadet des laîches est l’objet de la campagne d’études menée en 2021 par le service Patrimoine Naturel du Département des Landes dans le cadre du Schéma Nature 40.
De loin, la scène est intrigante. En ce matin de juillet, deux individus en t-shirt bleu arpentent une lande humide, coincée entre deux parcelles de pins, aux environs de Sort-en-Chalosse. Ils semblent cheminer sans but précis, s’arrêtent au milieu des bruyères et des hautes herbes, puis repartent avant de s’immobiliser de nouveau. Levons le mystère : Océane Laleu et Sébastien Ditcharry sont des agents du service Patrimoine Naturel du Département des Landes. Ils sont à la recherche du Fadet des laîches. Quésaco ? Un papillon « facilement reconnaissable », selon la jeune technicienne naturaliste : « il est de couleur marron. Son aile postérieure est ornée d’une barre d’ocelles* sur son bord extérieur et d’un seul ocelle sur sa partie supérieure. Son vol sautillant est également très identifiable ».
Océane et son collègue ne sont pas dans ce coin isolé de Chalosse par hasard. Ils ont préalablement étudié les données recensées par l’Observatoire de la faune sauvage de Nouvelle-Aquitaine (FAUNA), afin de connaître l’aire de présence du lépidoptère. Puis, en bordure de celle-ci, ils ont ciblé, à l’aide de photos aériennes, des sites potentiellement favorables. En l’occurrence des landes humides, où s’épanouissent molinies et choins noirâtres. « On sait que le Fadet des laîches est bien représenté dans le plateau landais** et on cherche la limite sud de sa répartition. C’est pour cela que nous prospectons dans le sud de la Chalosse », explique Sébastien Ditcharry.
Sur le terrain, l’observation dure une demi-heure, en parcours aléatoire. Elle se fait préférentiellement à partir de 10 h du matin. « Le mieux, c’est une température excédant 20 °C, avec un couvert nuageux pas trop dense. Pour chaque site, nous faisons trois passages à 10 jours d’intervalle. Si la première visite est concluante, ce qui est le cas ici à Sort-en-Chalosse, nous validons la présence du papillon », précise Océane. « C’est rare qu’il y ait de grosses densités. Jusqu’ici, nous avons trouvé au maximum une vingtaine d'individus dans un même lieu », ajoute son collègue.
La période d’études est courte. Le Fadet apparaît en juin et juillet, avec une espérance de vie limitée à une semaine. Les agents naturalistes ont donc dû mettre les bouchées doubles : « depuis début juin, nous avons visité une vingtaine de sites dans le sud du département. On a détecté des présences dans la limite nord de notre zone d’études, ainsi qu’au niveau de Pomarez », résume la Dunkerquoise d’origine, qui découvre avec bonheur les Landes grâce à son travail de prospection.
Espèce d’origine asiatique, le Fadet des laîches a une aire de répartition extrêmement localisée en Europe occidentale et centrale. Il est considéré comme étant quasi-menacé en France, où on ne le rencontre qu’en Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, ce qui lui vaut d’être dans la liste des espèces du Top Nature 40. La campagne d’études menée en 2021 par le service Patrimoine Naturel du Département des Landes prend donc tout son sens, assure Sébastien Ditcharry : « Le Département a une responsabilité d’études et de conservation vis-à-vis de ce papillon. Nous nous devons de protéger les milieux qui lui sont favorables ».
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