À la demande du Syndicat mixte du littoral landais (SMLL), la compagnie Sac de billes fait la tournée des plages avec une pièce de théâtre sensibilisant aux déchets abandonnés sur le sable.
Plage du Penon à Seignosse, un après-midi ensoleillé de juillet. Un couple de vacanciers débarque bruyamment sur le sable, plante le parasol avec force commentaires et éclats de voix. Le jeune homme fume une cigarette, puis enterre le mégot. Poliment, leur voisine de serviette leur fait remarquer que la marée montante viendra dans quelques heures emporter ces détritus dans l’océan et leur propose d’utiliser le cendrier portatif qu’elle a emmené avec elle. Cela ne perturbe visiblement pas les malpolis. En un petit quart d’heure de présence, ils sèment sans vergogne autour d’eux déchets plastiques, peau de banane et tube de crème solaire. Puis ils s’en vont, tout en discourant sur l’individualisme des gens. C’en est trop pour Audrey, la jeune femme qui les avait précédemment interpellés. Elle les rattrape, fustige vertement leur comportement incivique, en montrant leur carré de sable souillé.
Il faudra quelques minutes à cette citoyenne soucieuse de la propreté de sa plage pour réaliser qu’elle a été la « victime » d’un sketch, interprété par Ariadna et Thibaud, deux comédiens de la compagnie Sac de billes. La saynète sera jouée tout l’été dans les 15 communes littorales landaises. À la fin de chaque spectacle, la metteuse en scène, Pauline Kaufling, provoque le débat entre artistes et touristes. Elle y distille des informations sur le nettoyage des plages, assuré par le Syndicat mixte du littoral landais (SMLL), également financeur de cette opération de communication originale, et baptisée « J’aime ma plage ». Confrontés à une situation outrancière, les vacanciers sont amenés à s’interroger sur leur propre comportement.
Une fois sa colère retombée, Audrey reconnait la pertinence du jeu des comédiens : « ce n’est malheureusement pas une caricature. Je suis de Seignosse et j’ai déjà entendu les mêmes propos, du style ‘de toute manière, c’est nettoyé’ ou encore ‘il n’y a plus de poubelle’. Nous, on vient avec notre sac pour les déchets ». Quelques mètres plus loin, Evelyne, de Toulouse, admet : « je n’ai rien dit quand le monsieur a enterré son mégot. Mais j’étais prête à intervenir lorsqu’ils ont laissé leurs détritus. Cela montre que chacun a une réaction différente ».
Sur la plage des Bourdaines, Ariadna et Thibaud rejouent leur numéro d’inciviques estivants. Cette fois-ci, c’est Christel, de Dordogne, qui leur demande de ramasser leurs déchets : « ça m’a choqué, c’était bizarre. Mais la preuve que c’est utile, j’ai ramené ma fraise ». Avant de conclure sur une note optimiste : « je n’ai pas à me plaindre de la propreté des plages. Dans le temps, les gens laissaient de tout, des bouteilles, des mouchoirs… ils sont plus respectueux maintenant ».
Chacune des représentations, à Biscarrosse, Mimizan, Messanges, Soustons ou Hossegor, a entrainé une réaction et même quelques applaudissements, prouvant que les usagers de la plage prennent peu à peu conscience de la nécessité de préserver leur environnement naturel.