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Questions à… Erolf Totort

Questions à… Erolf Totort

L’artiste et autrice parisienne est en résidence de création au PréhistoSite de Brassempouy jusqu’au 23 juin.

À l’ombre salutaire des chênes et des noisetiers de l’ArchéoParc de Brassempouy, dans la chaleur estivale heureusement tempérée par une brise venue des collines environnantes, Erolf Totort peint la joyeuse sarabande de femmes aux formes généreuses, répliques des Vénus de l’art paléolithique. La couleur bleu vif des corps souligne l’énergie du mouvement. Le fond de toile, tout en nuances d’ocre, rappelle les terres de Chalosse où l’artiste – Flore Trotot pour l’état civil -  séjourne jusqu’au 23 juin. Le musée de Brassempouy n’est pas une découverte pour cette diplômée de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris en 1995, qui a très rapidement orienté son œuvre dans l’univers de la préhistoire. « J’étais déjà venue il y a une quinzaine d’années car la Dame à la capuche est une référence », se remémore la créatrice d’Ava, le personnage principal d’une série d’albums illustrés ayant pour cadre la période du Paléolithique (éditions Points de suspension).

Au programme de cette quinzaine : un projet de livre, une exposition de peintures, des démonstrations artistiques, des rencontres avec des classes du canton. « En résidence, je me sens bien parce que je suis libre de créer tout le temps », sourit celle qui se définit comme iconograffitte.

Erolf Totort reviendra dans les Landes à l’automne pour une seconde résidence d’écriture, à l’abbaye d’Arthous, du 18 au 25 octobre. Elle y animera des ateliers en famille, consacrés à l’impression de linogravures et à la création d’estampes. Juste avant, elle aura entamé un travail de médiation artistique avec des élèves du lycée Borda puis participé aux Rencontres à Lire de Dax. Le 16 octobre, elle y dédicacera le livre à poster Fille Neanderthal, récit écrit par la préhistorienne Marylène Patou-Mathis, dont elle a signé les illustrations (éditions Les petites allées).

Cette présence régulière permettra de découvrir le talent protéiforme de l’artiste parisienne, tout en mettant en valeur la richesse du patrimoine archéologique landais.

Sur quels projets portent vos deux résidences de création dans les Landes ?

Erolf Totort : À Brassempouy, je mène un projet de livre autour des parures du Gravettien*, Les Parures d’Ava ou Comment bien préparer la fête du renouveau. C’est la célébration du solstice d’hiver, destinée à gagner la bienveillance de la déesse de la Nature, afin de s’assurer que le printemps va revenir et que les jours vont rallonger.

À Arthous, je travaillerai sur un autre ouvrage, Le voyage d’Ava. C’est la suite du Journal intime d’Ava. L’héroïne décide de rejoindre son amoureux, parti dans la vallée de la Foz Côa. Elle s’embarque dans un périple depuis la vallée de la Vézère jusqu’au Portugal. Pour qu’elle trouve son chemin, il lui a laissé un chant poétique et un objet-carte.
 

Vous vous définissez comme iconograffitte. Qu’est-ce-que cela signifie ?

Erolf Totort : C’est un mot que j’ai inventé et qui signifie faiseuse d’images. J’en produis sur tous types de supports : peinture, gravure, poésie, photographie, installation avec ma « Grotte nomade », vidéo. Ce que je veux, c’est faire, qu’importe les conditions. Je m’adapte. En fait, je suis tout le temps en activité, en création. Le fait d’être connectée aux réseaux sociaux, d’avoir un téléphone mobile à portée de main, me permet de rester en alerte. Hier, alors que je peignais ici dans l’ArchéoParc, un gros serpent est passé tout près. Il a été plus rapide que moi, mais je guette son retour.

Pourquoi cet attrait pour la préhistoire, le thème récurrent de vos productions depuis 25 ans ?

Erolf Totort : C’est une quête de sens. Mon installation, la « Grotte nomade », fait référence à la nuit. Elle évoque ce qui fait peur, l’obscurité, la mort. Pour avoir moins peur, il faut s’approprier ce qui nous cause de la crainte, et jouer avec. Avec mon installation, je m’offre le luxe de jouer avec l’inconnu. D’ailleurs, je crois vraiment que si les hommes préhistoriques peignaient dans les grottes, c’était pour avoir moins peur de ce lieu obscur. L’anthropologue Jean-Loïc Le Quellec parle du mythe d’émergence. La vie serait sortie d’une grotte sous la montagne.

Votre exposition de peintures « Ava fait des bonds dans le temps », que l’on peut découvrir dans la Maison de la Dame jusqu’au 27 juin, tisse un pont entre la préhistoire et le monde actuel. Est-ce important à vos yeux ?

Erolf Totort : Cela me tient à cœur d’établir ce lien avec le monde contemporain. Dans mon installation, j’emmène les gens dans mon univers. Pour moi, le monde de la grotte est le vrai monde, centré autour du foyer – au sens de feu -, du partage, de l’écoute, alors que le monde réel se serait un peu perdu.

* Le Gravettien est une culture préhistorique appartenant au Paléolithique supérieur européen (entre – 31 000 et – 22 000 av. JC). Il est connu pour ses figurines de Vénus, qui étaient généralement sculptées en ivoire ou en calcaire. La Dame de Brassempouy est une des œuvres les plus représentatives de l’art gravettien.

Site officiel d’Erolf Totort

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Un week-end d’échanges avec Erolf Totort

Samedi 19 juin :
-    De 15 h à 17 h, à la Médiathèque des Luys à Amou : échanges à propos de son travail d’autrice
-    À 18 h au PréhistoSite de Brassempouy : présentation de l’exposition « Ava fait des bonds dans le temps »

Dimanche 20 juin :
-    À partir de 14 h, performance publique avec la création d’une toile dans l’ArchéoParc

 

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