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Christian Dussau, l’éleveur ingénieux

Fils d’éleveur, le fabricant de machines agricoles mise sur l’innovation pour améliorer les performances des exploitants, tout en préservant le bien-être animal.

Des deux prix de l’économie néo-aquitains Sud Ouest que Dussau Distribution a remportés en novembre – Innovation et Prix du public -, c’est le second qui signifie le plus pour Christian Dussau : « Si le prix de l’innovation récompense le savoir-faire, celui du public met en avant le savoir-être, le mien et celui de mes équipes. C’est cela qui a le plus de valeur à mes yeux. Toute l’entreprise est dans cette notion : on ne refuse jamais de réparer ».

« Par un éleveur, pour des éleveurs »

À 7 ans, le fils d’éleveur de Pécorade aimait déjà beaucoup bricoler dans la ferme familiale. « Ingénieux plutôt qu’ingénieur », dixit son adjoint Jacques Falières, Christian Dussau s’amuse à résoudre les problèmes concrets que lui soumettent ses copains agriculteurs. En 1978, à 18 ans, il crée sa première machine, une distributrice d’aliments pour poulets en liberté. En 1984, il fonde son entreprise, Dussau Distribution, à Pécorade. Puis il s’intéresse aux palmipèdes à foie gras, imaginant des gaveuses au maïs grains broyés et au maïs grains entiers. « Nos matériels plaisent car ils sont conçus par un éleveur pour les éleveurs. Nos produits répondent à des besoins que les exploitants ont exprimés. On s’appuie énormément sur eux ».

Stimulée par ce dialogue avec ses clients, la diversification de la société s’opère naturellement. En 2009, Christian Dussau crée Inateco, un bureau d’études, de recherche et de développement. De l’esprit fertile du Pécoradais, naissent tour à tour des robots de lavage pour salles de gavage, des distributrices de litière pour tous types d’élevage. Membre du GIP Agrolandes – il a d’ailleurs signé un bail au technopôle de Haut-Mauco -, l’entrepreneur « croit énormément au numérique » dans l’agriculture. En 2018, il développe Sentinel, un robot pailleur automatique, mû par l’intelligence artificielle. Récompensée par une médaille d’argent au salon EuroTier de Hanovre, l’invention facilite le travail de l’éleveur et lui permet un gain de temps et d’argent par un épandage judicieux de la litière.

Bien-être animal et développement durable

De plus, l’opération de paillage est effectuée sans bruit, sans poussière, sans pollution, garantissant un meilleur confort des bêtes. Une vertu primordiale aux yeux de Christian Dussau, qui n’hésite pas à mettre des huiles essentielles ou de la fougère broyée dans ses litières : « Un animal bien élevé est meilleur pour la santé de ceux qui s’en nourrissent ».  Une philosophie en adéquation avec la demande des consommateurs, de plus en plus exigeants sur le bien-être animal. La crise de l’influenza aviaire et le traumatisme psychologique qu’entrainent les abattages massifs ne laissent évidemment pas insensible cet éleveur dans l’âme, très proche de ses clients : « on est disponible pour participer à la réflexion afin de trouver des solutions à cette crise, car on présente quelques références en matière de biosécurité dans le domaine de l’élevage ».

Attaché au développement durable, le fabricant landais conçoit des machines dont la durée de vie dépasse les 20 ans et revalorise les pièces récupérables sur les matériels devenus obsolètes. Dans le même ordre d’idées, il s’enorgueillit de travailler prioritairement avec des sous-traitants issus à 90 % de Nouvelle-Aquitaine : « le prix de revient est légèrement supérieur mais on compense par un circuit de distribution directe, sans passer par des revendeurs ».

10 fermes pilotes

Les confinements ont donné des idées à Christian Dussau, qui veut développer la maintenance à distance en s’appuyant sur son expérience et sur les outils digitaux : « nos gaveuses ont bien marché également parce qu’on était capable de les réparer en 4 heures à distance par un système de réparation téléphonique. Les éleveurs étaient nos yeux et nos mains. Avec le numérique, l’idée est que l’agriculteur ne s’occupe plus de rien et qu’on prenne la main sur les machines à distance, en renforçant la veille. On pourra prévenir des pannes en détectant les signes avant-coureurs. Et cela permettra de passer moins de temps sur les routes ».

Jamais à court d’idées, le bouillonnant chef d’entreprise met sur pied un réseau de 10 fermes pilotes, où il pourra tester ses innovations en situation réelle : « Ces 10 exploitants, je les ai choisis parce qu’on partage la même vision du métier d‘éleveur. Et en premier lieu, c’est aimer les animaux ».