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Influenza aviaire : traiter l’urgence, penser l’avenir

Influenza aviaire : traiter l’urgence, penser l’avenir

La semaine dernière, Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, a rencontré les acteurs de la filière au siège du groupe Maïsadour à Haut-Mauco.

La foudroyante propagation du virus H5N8 éprouve un secteur déjà ébranlé par les épizooties de 2016 et 2017 et encore un peu plus fragilisé cette année par la fermeture des restaurants. Les chiffres sont effrayants : 239 foyers infectieux et plus d’1 million de volailles abattues (essentiellement des canards) dans les Landes au 15 janvier. Ils ne disent pourtant pas tout du traumatisme moral qu’engendre ce dépeuplement massif, comme l’a rappelé Marie-Hélène Cazaubon, présidente de la chambre d’Agriculture : « c’est terrible pour un agriculteur de se retrouver avec une exploitation vide, de se lever sans savoir où aller ni quoi faire ». Michel Prugue, président du groupe coopératif Maïsadour, a également insisté sur « la dimension humaine » de la crise pour les éleveurs et les salariés.

Xavier Fortinon, président du Département des Landes, a résumé le sentiment général d’incompréhension devant l’impuissance de services vétérinaires débordés : « il n’est pas acceptable que le virus soit déclaré dans une exploitation le lundi et que l’élevage ne soit dépeuplé qu’une semaine après ». Selon lui, il aurait fallu s’inspirer de la stratégie de lutte contre les incendies : « dans les périodes à haut risque, on fait venir des canadairs à proximité du massif forestier. De la même façon, lorsqu’on a eu connaissance de foyers d’infection au Kazakhstan il y a plusieurs mois, on aurait dû pré-positionner des moyens ». Une analyse partagée par tous les intervenants.

Un modèle à faire évoluer

Consensus également sur le fait qu’il faudra apprendre à vivre avec le virus et ses mutations. L’urgence sanitaire traitée, la filière va devoir s’adapter, repenser son modèle. Alain Rousset l’a martelé : « on ne peut plus avoir de certitudes ». Le président de la Région Nouvelle-Aquitaine a souligné combien « il était important d’avoir une sérénité et une liberté dans la discussion ». Cette réunion de travail avec la filière n’avait pas pour vocation de procéder à des annonces mais de balayer les pistes d’évolution « avec beaucoup d’humilité ». 

Un premier axe de réflexion a porté sur la mise à l’abri des volatiles au moment du départ des migrations, même si Alain Rousset a reconnu que « tous les agriculteurs ne pourraient pas se lancer dans la construction de bâtiments, car on ne raisonne pas de la même manière à 58 ans ou à 30 ans ». 

La vaccination des animaux a également été évoquée. Xavier Fortinon ne l’a pas éludée : « si elle entraîne une augmentation des coûts de 10 % à 15 % pour les producteurs sans répercussion sur les prix, cela n’a aucun sens ». 

S’est également posée la question de la réduction de la densité des animaux dans les périodes à risques. Si le virus H5N8 a fait autant de ravages en Chalosse, c’est « parce qu’il y a une grande diversité d’exploitations et une grosse densité de canards à cette époque de l’année », a reconnu Chantal Brèthes, la présidente du PALSO*. Alain Rousset a fait remarquer que « 28 millions de canards gras étaient produits alors que la capacité de consommation est de 26 millions ». Selon lui, la réflexion sur un nouveau modèle de production doit tenir compte des attentes des consommateurs, car « la société nous demande de changer notre relation à la terre, à la planète ».

Pas de solution unique

Quelles que soient les stratégies adoptées, le président de la Nouvelle-Aquitaine a plaidé pour la mise en place « d’outils pérennes » afin d’accompagner les éleveurs dans cette transition, « que ce soit des fonds de capital-risque ou un système assurantiel ».

Tous les intervenants en étaient conscients : le chemin sera sinueux. Pour Michel Prugue, « quand vous faites des changement de modèle, ça prend du temps et ça met beaucoup d’inquiétude ». Xavier Fortinon a appelé à la sérénité pour les discussions à venir et à une solidarité entre tous les acteurs de la filière. D’autant que la filière palmipèdes recouvre plusieurs profils : coopératives, producteurs indépendants, circuits courts, circuits longs… Marie-Hélène Cazaubon en est persuadée : « la richesse de notre département, c’est d’avoir plusieurs systèmes. Mais, vu la diversité des exploitations, la solution unique n’existe pas. Nous sommes là pour avancer et essayer de trouver des réponses pour chaque modèle ».

* PALSO : Association pour la défense et la promotion des produits de palmipèdes à foie gras du Sud-Ouest 

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