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Nouvelles solidarités : les Landais ont la parole

Le Département lance une plateforme numérique ouverte au grand public. C’est le premier maillon d’une démarche participative visant à repenser les politiques en matière de solidarité.

Les chiffres interpellent : en avril, le département des Landes a enregistré 8 360 demandeurs d’emploi de catégorie A de plus, soit une hausse de 31,8 %. Selon les estimations, le nombre d’allocataires du RSA a augmenté entre 7 et 10 %. Personne n’en doute : la crise économique et sociale s’est installée durablement.

Des fragilités existantes se sont aggravées, et des précarités nouvelles ont vu le jour. Parallèlement, le confinement a vu l’éclosion d’initiatives solidaires aux quatre coins du territoire. De nouveaux acteurs sont apparus dans le champ de la solidarité. Dans ce paysage social en mutation, et au-delà du plan d’urgence voté le 17 avril (achat d’1,2 million de masques, accélération du plan Bien Vieillir, soutien aux associations, délivrance de bons d’achat alimentaires, etc.), le Département se doit de réajuster sa stratégie dans son champ de compétences principal, la solidarité. Xavier Fortinon, président du Conseil départemental, en est convaincu : « aujourd’hui, personne n’est sûr que les actions qu’il mène sont les plus efficaces possibles. On a besoin en permanence de les remettre en question et de les réévaluer. C’est donc ce travail que l’on souhaite faire ». 

Des outils pour penser autrement

Dans la foulée du succès du Budget Participatif Citoyen, c’est une autre manière d’élaborer les politiques publiques que préconise le président du Département. Cette démarche participative s’appuie sur deux outils.

D’une part, une plateforme numérique, nouvelles-solidarites-landes.jenparle.net, a été mise en ligne le 30 juin. Elle est ouverte à tous les citoyens landais. Ceux-ci peuvent signaler toutes les actions de solidarité initiées pendant le confinement via une carte interactive. Un questionnaire anonyme leur permet également de faire remonter les difficultés et les besoins éventuellement éprouvés durant le confinement mais aussi d’émettre des propositions d’actions à mener dans le secteur des solidarités humaines et territoriales (santé, alimentation, logement, précarités, mobilités, etc.). Quelle meilleure radiographie d’un territoire que celle issue de la parole de ses habitants ? Pour Xavier Fortinon, « il n’y a rien de mieux que les remontées du terrain. Si une action solidaire a été mise en place au niveau local, c’est qu’elle colle à la réalité des besoins. Toutes les initiatives pertinentes doivent être relayées ».

Évaluer et proposer

Deuxième dispositif de cette grande concertation, un Comité « Nouvelles Solidarités » sera installé le 3 juillet, afin d’évaluer les dispositifs mis en place et de soumettre des propositions. Il rassemble une quarantaine de membres : institutions, associations, syndicats et citoyens engagés comme Cyril Gayssot, chef d’entreprise solidaire, ou Agathe Vergne, directrice de l’association Solutions Mobilité. L’écrasante majorité des structures sollicitées a accepté l’invitation du Conseil départemental parce que le modèle participatif est bien ancré dans les Landes. « Il y a des comités consultatifs sur toutes les thématiques depuis 1992 », rappelle Xavier Fortinon tandis que Paul Carrère, vice-président délégué à la solidarité assure « Si 38 personnes sur 40 ont donné leur accord, c’est qu’elles ont envie de participer mais aussi qu’elles en ont l’habitude ». 

La réflexion du Comité sera nourrie par les idées et suggestions émanant de la plateforme numérique mais également par un diagnostic territorial confié à Compas, un bureau d’études spécialisé dans les politiques territoriales. Les résultats de ce travail statistique, « jamais réalisé à l’échelle du département » selon Xavier Fortinon, seront connus dans les tout premiers jours de juillet et une synthèse en sera proposée à tous les Landais sur nouvelles-solidarites-landes.jenparle.net.

Le cabinet Res Publica, qui a notamment piloté la Convention citoyenne sur le climat, accompagne le Département pour la mise en place, la coordination et le suivi de cette démarche participative dont Tania Desfossez, la directrice de mission, souligne la portée novatrice : « Avec cette ampleur-là, à l’échelle départementale, nous ne connaissons pas de précédent. Mais surtout les Landes ont dégainé rapidement ». 

Car le calendrier est volontairement resserré. Les préconisations du Comité « Nouvelles Solidarités » seront remises au Département le 15 octobre et examinées par l’Assemblée départementale en novembre. La situation sociale commande d’agir vite, au-delà des querelles de chapelle : « L’idée n’est pas de dire que le Département est le seul légitime sur la question de la solidarité. Je ne suis pas sur une bataille de leadership. Si l’État propose des solutions, j’en serai très content. Ce que je recherche, c’est avant tout d’apporter des réponses, au plus près du terrain. Je suis là pour résoudre des problèmes », résume Xavier Fortinon.