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Face au Covid, des tiers-lieux landais dans l'action

Face au Covid, des tiers-lieux landais dans l'action

Dans ces espaces collaboratifs d'économie sociale et solidaire encouragés par le Département, l'entraide et le partage ne sont pas un vain mot, d'autant plus en période de crise. Exemples.

Quand, avec le confinement, l'Établi de Soustons a fermé le 16 mars « jusqu'à nouvel ordre », l'idée d'être utile a rapidement germé dans la tête de Fernand Mainpin, son créateur, qui travaille en lien avec le Réseau français des fablabs ou la Coopérative des tiers-lieux. Grâce aux imprimantes 3D et découpes laser de cet espace de création et de fabrication collaboratif, des visières de protection ont commencé à sortir de l'atelier, comme c'est le cas aussi au FabLab de Dax. Celui-ci a équipé des personnels de l'hôpital de la ville ou des chauffeurs du réseau Trans-Landes.

21 visières en 10 minutes

Dès le 7 avril, un premier lot de 60 visières au modèle validé par l'AP-HP de Paris a été livré par l'Etabli à l’association AEHM pour le foyer Lestang de Soustons où vivent des handicapés moteurs. Depuis, 200 produits ont été créés pour approvisionner gratuitement le Secours populaire, des professionnels de santé comme bientôt ceux de l'Ehpad de Vielle-Saint-Girons, ou des commerçants landais.

Les trois imprimantes 3D tournent en permanence ; sur la découpe laser avec du matériau PET de qualité alimentaire, « on arrive à sortir une pièce toutes les 6 minutes » explique M. Mainpin : « et grâce à Adrien, un jeune en service civique, hyperdoué, qui nous aide à distance, on devrait réussir à augmenter nos capacités de production via la fraiseuse numérique, pour en faire 21 toutes les 10 minutes ».

En étant une petite structure, « on réagit de manière rapide et agile, on a pu aussi, en urgence, imprimer une trentaine d'adaptateurs de respirateurs pour l'hôpital de Bayonne. On montre notre utilité sociale et technique par rapport à la situation actuelle », se félicite ce responsable qui ajoute : globalement, « on sent un élan assez formidable avec beaucoup de gens, des « makers » qui s'y sont aussi mis avec leurs imprimantes à domicile ».

À LaCowo de Pontonx, grâce aux machines 3D dont certaines viennent tout juste d'être livrées, on participe également à l'effort collectif. « On donne un coup de main au groupe facebook des Makers40 contre le Covid 19 Solidarité Landes » qui regroupe des gens équipés pour fabriquer des visières de protection, souligne Fabrice Verbeke : « notre base c'est le coworking mais là c'est en stand-by, tout le monde est confiné alors, en plus d'un soutien numérique (informations, démarches, logiciels gratuits de cours de musique en ligne...), on fait juste tourner nos quatre machines, c'est notre part de travail pour une contribution solidaire ».

La Smalah à Saint-Julien-en-Born a aussi fermé ses portes au public avec le confinement. Le café, l'atelier et le hangar partagé ont donc cessé leurs activités, mais quelques salariés continuent de travailler. Le dynamique tiers-lieu coordonne ainsi des citoyens bénévoles dans un partenariat avec l'entreprise WeNeed pour de la livraison alimentaire à domicile.

Il poursuit bien sûr ses activités de permanence numérique pour aider en ligne les particuliers et s'est aussi mis à produire et distribuer quelques visières de protection aux communes, artisans et professionnels du territoire grâce à sa découpe laser. Paco, le médiateur, a également aidé un médecin à installer des outils de télémédecine pour assurer des consultations à distance.


« Par rapport à d'autres industries, les gens engagés dans nos types d'associations ont déjà dans leur ADN l'envie de monter des projets solidaires, et on peut répondre rapidement à la demande. »
Vincent Péchaud (Cofondateur de la Smalah)
 

Agir à l'échelle très locale

Pour Vincent Péchaud, cofondateur de la Smalah, pas fan du « slogan du monde d'après » (« on essaie déjà de le construire au quotidien »), cette crise vient, en tout cas, « mettre en lumière des actions d'associations de l'économie sociale et solidaire qui repensent les choses à l'échelle très locale ».

Pas étonnant, pour finir, que la Smalah accompagne, grâce à son duplicopieur, un collectif de gens désireux d'égayer, dans les prochains jours, l'espace public local par des affiches et des dessins. « Quand on va faire nos courses, qu'on sort, on est dans une situation anxiogène où on n'ose rien toucher, dit-il : cette initiative entend apporter un peu de gaité à chacun dans ce monde-là ! ».

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