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Questions à... Michel Ducassé

Le confinement imposé par la crise sanitaire impacte durement les entreprises landaises. Le point avec Michel Ducassé, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Landes.

Quelles sont les actions mises en œuvre par la CCI des Landes ?

Dès le 17 mars, nous avons mis en place une cellule de crise à disposition des commerces et entreprises landaises. Nous avons reçu près de 900 appels en 20 jours, que nous traitons avec deux niveaux de réponses. Quatre personnes à l’accueil sont dédiées aux questions les plus simples, qui obtiennent une réponse immédiate. Une quinzaine de collaborateurs s’engagent à résoudre les cas les plus complexes dans un délai de 48 heures, étant donné que nous tenons une visioconférence chaque matin avec François Lafitte, le président de la CCI. 

Par ailleurs, deux grands réseaux bancaires, le Crédit Agricole d’Aquitaine et la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique, nous ont présenté leurs dispositifs spécifiques pour faciliter les garanties de prêt pour les entreprises. 

Nous collaborons avec les tribunaux de commerce de Dax et de Mont-de-Marsan sur des procédures de prévention des difficultés des entreprises, car ces dispositifs peuvent apporter une médiation vis-à-vis de créanciers prêts à jouer le jeu et à aider les TPE/PME à passer le cap.

Nous avons également associé l’APESA (Aide Psychologique aux Entrepreneurs en Souffrance Aigüe) à notre cellule. La crise sanitaire n’a pas que des conséquences financières, elle génère également énormément de tension et de stress.

De manière générale, la CCI des Landes effectue un travail d’information auprès des entrepreneurs – quelle que soit la taille ou la nature de leurs activités - afin de leur expliquer les aides auxquelles ils ont droit, comme le fonds de de solidarité financé par l’État et les Régions.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles sont confrontés les entrepreneurs landais ?

La situation de trésorerie est une priorité absolue. Il y a pour les « indépendants » des inquiétudes sur les moyens de subsister et sur la manière de redémarrer sans suffisamment de fonds, les banques restant réservées quant à des financements pour les plus fragiles, même garantis par l’Etat. 

La deuxième difficulté pour les entreprises est la bonne compréhension des dispositifs de report de taxe et de chômage partiel. Il y a eu quelques ratés au début et nos entrepreneurs veulent avoir la certitude qu’ils seront bien indemnisés car ils ont payé les salaires fin mars avec des charges qui ont continué à courir alors que l’activité s’est arrêtée à la moitié du mois. C’est une situation inédite en France où le chômage partiel n’était pas très développé. On peut s’attendre à ce qu’il y ait environ 40 % de nos entreprises qui adoptent le chômage partiel.

Un autre point de friction est la dégradation des relations fournisseurs / clients pour des raisons de paiement non assurés (ou retardés), des tarifs qui augmentent exagérément et des problèmes d’approvisionnement (produits non fabriqués ou non/mal livrés), qui grippent la fluidité économique.

On note également une montée de l’incompréhension et un fort agacement face aux contrats d’assurance et aux pertes d’exploitation qui n’incluent pas la crise sanitaire actuelle dans le chapitre catastrophes naturelles. Les entrepreneurs aimeraient a minima ne plus devoir continuer de payer des polices d’assurance couvrant des risques qui n’existent plus puisque l’activité est arrêtée ou fortement ralentie. 
 

François Lafitte et vous-même avez remis ce mardi 15 000 masques chirurgicaux à l’hôpital Layné de Mont-de-Marsan. Comment la CCI s’organise-t-elle dans la guerre contre la propagation du virus ?

Cette livraison est d’abord un geste solidaire vis-à-vis des soignants qui sont en première ligne. C’est une commande que nous avons faite il y a longtemps et que nous avons reçue seulement ces jours-ci. Frédéric Pigny, le directeur de l’hôpital Layné s’assurera de la répartition de ces masques dans les autres établissements hospitaliers landais. Nous avons convenu de cette opération avec la Préfète Cécile Bigot-Dekeyzer, Cédric Garence, directeur de cabinet de la Préfecture, et Didier Couteaud, directeur départemental de l’Agence régionale de santé (ARS).

Au total, nous avons commandé près de 270 000 masques chirurgicaux et ceux que nous avons remis à Layné sont les premiers reçus. Nous devrions réceptionner les autres en fin de semaine. Naturellement, nous avons décidé avec le Président François Lafitte que les masques seraient cédés à prix coûtant aux commerçants et entrepreneurs afin de leur permettre de reprendre le travail tout en assurant la sécurité de leurs salariés. Nous allons en procurer en premier lieu aux entreprises qui en ont déjà manifesté le besoin sur www.landes.cci.fr.

Nous mettrons ces masques à disposition dans deux entrepôts d’une entreprise partenaire en périphérie de Mont-de-Marsan et à Saint-Geours-de-Maremne. À partir du 20 avril, les entrepreneurs et commerçants pourront passer commande sur le site internet de la CCI, par lot de 50 unités et à concurrence de 500 masques maximum par structure.

En complément, la CCI proposera également du gel hydro-alcoolique fabriqué dans les Landes. Notre difficulté principale résidait dans l’obtention des contenants et il nous a fallu acheter 25 000 flacons d’un demi-litre. Désormais, les entreprises et commerces landais auront accès à tous types de quantités, des flacons de 500 millilitres à des bidons de 30 litres, en les commandant de la même manière.