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Henri Emmanuelli laisse un grand vide dans les Landes

Henri Emmanuelli laisse un grand vide dans les Landes

A l'annonce de la mort d'Henri Emmanuelli à 71 ans ce mardi, les hommages ont afflué jusqu'au sommet de l'Etat pour honorer la mémoire de cet homme de conviction et de combat, au service des valeurs de la gauche. François Hollande a ainsi salué « un homme droit » et une « belle figure morale ». « Socialiste de cœur, de raison et d’action, il n’a jamais transigé avec ses idées et ses principes », a souligné le président de la République. Bouleversé par le décès de son mentor, Benoît Hamon, candidat socialiste à l'élection présidentielle, a évoqué, très ému, un « frère en politique », « une forme d'âme soeur ». Hommages à droite aussi : de François Bayrou (« un combattant pour ses idées qu'il défendait sans jamais céder, et pour les Landes ») à Alain Juppé (« un adversaire politique, dur et parfois même un peu sectaire » mais qui « savait assumer ses responsabilités jusqu’au bout »).
Pilier de l'aile gauche, Henri Emmanuelli a été un poids lourd du Parti socialiste et l'incarnation du département des Landes pendant près de 40 ans. Président de l'Assemblée nationale (1992-1993), Premier secrétaire du PS (1994-1995), deux fois au gouvernement - secrétaire d'Etat chargé des DOM-TOM de 1981 à 1983, puis chargé du Budget de 1983 à 1986 -, ce Corse d'origine et Béarnais de naissance était devenu un vrai Landais, du combat pour la chasse à l'ortolan à la mise en oeuvre des conditions de l'attractivité de ce territoire qu'il tenait dans son coeur. « C'était un combattant et un analyste fin qui s'est battu toute sa vie pour le développement économique des Landes », a relevé Dominique Coutière qui a partagé « 35 ans de joies, de peine et de travail » à ses côtés. « Les Landes doivent beaucoup à Henri Emmanuelli » qui a insufflé au département « un véritable dynamisme économique » pour « en faire une terre d’innovations sociales », a abondé Boris Vallaud, candidat à sa succession comme député aux législatives de juin.

Un homme d'Etat et de combat

Ce mardi matin, la nouvelle de sa mort a été annoncée en pleine séance budgétaire, aussitôt interrompue, par Xavier Fortinon qui officiait depuis lundi suite à l'hospitalisation à Bayonne du patron du département. Henri Emmanuelli qui était encore mercredi à Paris à une réunion de la Caisse des dépôts dont il était président du conseil de surveillance, était « un homme d'Etat qui incarnait le département, c'est un grand vide qui se présente devant nous », a dit le premier vice-président du Conseil départemental, avant une minute de silence poignante durant laquelle certains élus ne pouvaient cacher leurs larmes. Du côté de l'opposition, on saluait aussi une « personnalité qui en imposait ». « Aujourd'hui la tristesse domine de voir une telle personnalité disparaître. On n'était souvent pas d'accord mais on se respectait, il a façonné beaucoup de choses pour les Landais, c'était un homme de combat », a ainsi fait valoir Geneviève Darrieussecq, chef de file (MoDem) de l'opposition au département.

L'ex-maire PS de Dax Gabriel Bellocq a pour sa part salué « un dévouement de toute une vie pour le pays et pour les Landes par cet homme d'une intelligence fulgurante, un visionnaire qui a lancé de nombreux projets dans son département, il restera pour nous un exemple de combativité ».

Parmi ces réussites marquantes à la tête du département, resteront, entre autres, le combat pour la régie publique des eaux, la gratuité du transport scolaire, le numéro vert pour la protection de l'enfance en avant-première nationale, l'opération innovante un collégien-un ordinateur portable, les actions pour le mieux-vieillir et dernièrement le lancement du premier village Alzheimer en France.

Des valeurs humanistes

Ce mitterrandiste historique, issu d'un milieu populaire, diplômé de Sciences Po Paris et entré chez Rothschild en 1969 avant d'adhérer au PS en 1972, était un homme de combat au service des valeurs de la gauche, sans jamais renier ses convictions. Ex-compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon (« la mer a emporté le rocher », a dit le candidat) après le traumatisme de la présidentielle de 2002, cet inlassable défenseur du rassemblement de la gauche, s'était fait l'avocat en 2005 du non au Traité constitutionnel européen, désireux de ne « pas accepter n'importe quelle Europe". Gardien de la gauche du PS, il était hostile aux thèses « sociales-libérales ». "Etre de gauche, mon cher Manuel, ça ne se proclame pas, ça se prouve", lançait-il ainsi en 2013 au Premier ministre Valls.

Elu député en 1978 et président du département en 1982, l'homme de Laurède à la voix grave et rocailleuse, était d'un caractère « entier », reconnaît Xavier Fortinon : « dimanche quand il m'a appris avec une grande déception qu'il ne pouvait pas participer au vote du budget, c'était surtout ça qui l'attristait. Il considérait que le reste était surmontable et il en avait après ses médecins qui ne le libéraient pas ». « Il était très attaché aux valeurs humanistes, se rappelle aussi Odile Lafitte, vice-présidente du Conseil départemental : quand on avait des doutes, il suffisait de le voir et chaque fois on partait regonflé. On a perdu notre moteur » mais « il se mettrait très en colère aujourd'hui si on baissait les bras... ». « A nous, selon M. Fortinon, d'être à la hauteur de la mission qu'il a assigné à cette institution, la meilleure façon de lui rendre hommage ».

Obsèques de Henri Emmanuelli

Une cérémonie civile, ouverte à tous ceux voulant rendre un dernier hommage à Henri Emmanuelli, Député, Président du Conseil départemental des Landes, et témoigner de leur attachement, aura lieu samedi 25 mars à l'espace François Mitterrand à Mont-de-Marsan, à 16h30.

Un lieu de recueillement en hommage à Henri Emmanuelli est aménagé dans le hall de l’hôtel du département. Les landaises et les landais, qui le souhaitent, peuvent laisser un message de condoléances ou un témoignage écrit.

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